engagements
Créée en 2022, La compagnie de la tendresse est une communauté d’artistes expérimenté·e·s, née de la rencontre entre la comédienne et autrice de théâtre Emmanuelle Jeser et l’auteur de théâtre, metteur en scène, poète et conteur Gabriel de Richaud alors qu’iels étaient artistes résident·e·s au sein de l’Institut des Futurs Souhaitables en 2019. Invité·e·s à créer des formes libres sur les causes du dérèglement climatique, un travail artistique s’est amorcé autour de cette question toujours indépassable : face à l’ampleur de la catastrophe climatique et à la dureté des comportements qui l’ont initiée, alimentée et qui la font perdurer, quelle création artistique opposer ?
Premier élément de réponse, les auteur·e·s, et metteur en scène de la compagnie s’engagent à créer et proposer à nos partenaires des pièces de théâtre au poids carbone le plus réduit possible, soit principalement, via des scénographies sobres, simples, récupérées, locales, mobiles, mais qui créent le spectacle en s’appuyant sur le théâtre mental des spectateur·rice·s, « le théâtre au-dedans de soi-même » ainsi que le disait Mallarmé.
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Deuxième élément de réponse lié, le projet de la compagnie est de proposer une création qui offre la compagnie d’un rapport à l’opposé de toute dureté, soit, par définition, un rapport de tendresse. Notre recherche s’inscrit dans toutes les relations que nous instaurons pour créer, du public aux partenaires, des institutions aux artistes, jusqu’au rapport même que nous entretenons avec l’objet à créer. Notre recherche imagine, se documente, performe, expérimente de l’écriture au plateau, en quoi ce qui se laisse entamer, ce qui n’offre pas de résistance est peut-être une autre forme de résistance, et en quoi cette « façon d’être et de faire » ouvre la possibilité d’autres futurs, d’autres créations, d’autres relations à soi et aux autres, et d’autres sociétés.
Pour nous aider dans notre recherche, La compagnie de la tendresse s’appuie sur une large expérience artistique en professionnel, sur des formations artistiques et universitaires solides, sur beaucoup d’humour, des soutiens financiers aujourd’hui privés, sur le bureau de la compagnie, ainsi que sur des amis de la communauté qui fertilisent notre pensée : entre autres, la présidente de la compagnie, Andrée de Saint Affrique, préparatrice stratégique à l’animation de l’avenir au Ministère des Armées et coach interne, questionne les artistes à chaque étape sur l’ancrage dans le réel de la recherche, le sociologue Michel Lallement, avec son ouvrage publié au Seuil, Un désir d’égalité, nous parle de la pérennité des communautés intentionnelles, et la psychanalyste anthropologique et philosophe Camille Laura Villet éclaire nos élans créateurs par sa connaissance des mythes.
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Notre position n’est ni victime, ni donneuse de leçon, ni hors sol. Elle est une tentative politique. Nous pensons en effet qu’avec ce compagnonnage de la tendresse, pour nous, pour toutes et tous, c’est un espace qui peut s’ouvrir, celui d’une souplesse dans notre rapport aux autres, d’une ouverture du corps et de la conscience, d’une parole plus juste car en lien avec ce qui est vivant en nous et autour de nous, d’une pensée véritablement singulière et drôle, et d’un geste directement artistique car situé hors de tout rapport de force.